avec la librairie L’herbe entre les dalles
Dans le cadre de la préparation des rencontres « Encore heureux… », le collectif souhaite proposer des rendez-vous ouverts à tous dans le cours de l’année 2014-2015 pour partager des questions, des lectures, des discussions…
Rencontre-discussion à l’occasion de la venue de Christophe Mugnier et Joris de Bisschop autour de leur traduction de Pathosophie de Viktor Von Weizsäcker aux Editions Jérôme Millon.
La discussion sera suivie d’une bonne soupe.
Viktor Von Weizsäcker (1886-1957), neurologue interniste allemand, cherche à renouveler les fondements de la « pathosophie ». Son projet vise à sortir du paradigme classique de la science médicale qui ne peut rendre compte, depuis son support logique, du caractère fondamentalement antilogique de la vie.
« La vie est une contradiction pleine de sens » et les concepts de la science eux-mêmes sont empreints de passions. A travers la mise au jour de l’existence pathique, Viktor Von Weizsäcker nous invite à penser la maladie comme une dimension essentielle de la vie :
« On comprend mieux l’homme malade quand on se représente la vie entière comme une guerre incessante contre la maladie. Les périodes saines sont des poursuites de cette guerre par d’autres moyens ».
Il nous faut souligner l’importance que revêt l’oeuvre de Viktor Von Weizsäcker pour des penseurs et des praticiens (au sens de praxis, traversant les dimensions clivées de sciences expérimentales et sciences appliquées) tels que Henri Maldiney, Jacques Schotte ou Jean Oury. Le « commerce », le « pathique », la « décision », ou encore le « savoir encyclopédique opposé au savoir systématique », sont des notions, des opérateurs, promus par Weizsäcker et continuellement à l’oeuvre dans leurs travaux.
Pathosophie , publié en 1956 et traduit pour la première fois en français en 2011, est le dernier ouvrage de Viktor Von Weizsäcker, reprise de l’ensemble de son oeuvre où se trouve approfondie la dimension « sophia » du concept de « pathique ».
Un abécédaire Von Weizsäcker :
antilogique
la vie est une contradiction, une contradiction pleine de sens (46). L’antilogique de la vie fait qu’il est aussi dangereux qu’irrationnel d’imposer la logique au vivant (…) A présent on a fabriqué le vivant de telle façon qu’il se comporte sur un mode logique, ce qui a pour résultat de le tuer (42-43)
anthropologie médicale
je ne vais commencer ma présentation d’une théorie générale d’une maladie par le concept de maladie, pas plus que sa description à partir des sens ; je vais la développer en partant du rapport entre malade et médecin. Le commencement ne consiste donc pas en des déclarations sur ce qui est, mais en une analyse de ce qui devient, ce qui serait possible, de ce qui pourrait devenir utile en obéissant à une nécessité. Ce n’est pas un être mais une rencontre qui sera d’abord analysé, et ce n’est qu’à partir de là que devra se déployer une sorte de pathologie générale, plus précisément une anthropologie médicale (78).
cèlement
les catégories pathiques sont des constructions si aériennes qu’elles changent très facilement de forme, comme les nuages, et s’imitent alors trompeusement les unes les autres, à tel point que, quand quelqu’un dit par exemple « Je dois », nous pouvons soupçonner aussitôt qu’il aurait mieux fait de dire « Je veux », etc. (61)
commerce
nous ne connaissons l’objet que quand nous agissons avec lui : dans le commerce (240).
conflit
on comprend mieux l’homme malade quand on se représente la vie entière comme une guerre incessante contre la maladie. Les périodes saines sont des poursuites de cette guerre par d’autres moyens (…) celui qui se croit en parfaite santé est aveugle au pathologique. On ne peut pas dériver le pathologique de la santé, mais on doit essayer de comprendre l’origine de la santé en partant du pathologique (14)
crise
le malade en crise éprouve la transformation en tant que telle (253)
décision
quelqu’un est ce pourquoi il se décide (257).
impossible
la maladie doit être conçue comme l’efficacité du non-vécu et comme la réalisation de l’impossible, et seulement ainsi (209)
hasard
il n’y a pas de synthèse, de lois ou de déterminations causales à la base d’un ordre ; on voit plutôt comment des hasards, des idées soudaines, des constellations et des coïncidences créent ce qui va donner un sens et apporter un ordonnancement dans le mouvement (37)
maladie
l’homme n’acquiert pas seulement sa maladie, il la produit aussi (152)
oser
la réplique au devoir ne doit pas être la liberté mais l’oser ; donc quelque chose dont nous avons besoin et non quelque chose que nous possédons (64)
pathique
dans le paysage pathique, c’est-à-dire dans le monde perçu sur un mode passionnel, dans la vie vécue et en même temps éprouvée, l’essentiel reste toujours de ne pas se figer, que tout reste fluide, que l’oiseau prisonnier s’envole avec la cage ou que la cage s’envole avec l’oiseau (55)
pathique
l’être humain dans l’anthropologie pathique n’est pas un être ou une chose assigné à un « il y a » mais au contraire celui ou cela qui devient ou veut, ose, peut ou doit « devenir » (55)
rencontre
la rencontre est une forme surgissante de commerce (302)
transformation
dans chaque genèse, considérée comme symptôme ou comme maladie, quelque chose se transforme. Le maladif est donc transformation (208)
vie
Choisir ne peut avoir pour résultat que de créer encore. C’est le fond par lequel je continue de vivre, et de fait, de toujours commencer le voyage de la vie (145)
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