Jeu et écriture : Laurence Poueyto
Direction d’acteur et jeu : Martine Dupé
Création lumière : David Bourthourault
Regard extérieur : Pépito Matéo
NOTE D’INTENTION 1
Travail de clown
Au départ il y a une femme clown…
Abéla Popite est née de ma chair, de mon corps, de mes rêves et de mes peurs. Elle a pris le temps de murir durant plusieurs années de recherche et d’expérimentations. Ce nom porte en lui les restes d’enfance qui façonnent les clowns, l’Espagne séfarade qui marque mon histoire, les clowns de cirque qui m’ont tant émue, et les pépites qu’on trouve parfois en courant après l’impossible.
Puis il y a le point de vue…
Dire le monde à travers les yeux d’un clown, c’est se placer du côté des déclassés, du côté du « reste du monde », du côté de ceux qui par choix ou par obligation s’en sont exclus. Pour mieux le voir sûrement. Avec la sagesse des fous. Celle qui pointe du doigt les tragédies humaines avec tendresse et cruauté. Celle qui permet de rire du pire pour soutenir l’insupportable.
Ensuite, il y a la manière…
La première exigence d’un clown est d’être au présent, résolument. Pour ce, s’est imposée la nécessité d’une écriture au plateau à deux voix. L’une qui interroge et rythme le temps de la représentation, le Boulgour Bulgare, et l’autre, Abela Popite, qui, en réponse, crée des espaces de jeu sur le plateau.
Enfin il y a l’histoire…
A travers elle, nous aimerions rendre hommage aux « grosses rêveuses », aux femmes qui traversent la vie sans qu’on les remarque, à ceux et celles qui ne trouvant pas leur place dans les limites du monde, ont inventé le leur .
Laurence Poueyto
NOTE D’INTENTION 2
D’Abela Popite au boulgour bulgare
Abéla Popite est une « ravie », considérée comme une idiote. Les bosses qu’elle porte à ses épaules donnent à voir sa difficulté à être dans ce monde. Elle vit une tragédie mais nous promet l’émerveillement car elle a une grande faculté d’étonnement en toutes circonstances. Le spectacle a lieu parce qu’elle a décidé d’aller à la rencontre du public avant qu’il ne soit trop tard. Elle déplace nos lignes de pensées bien-pensantes et mal-veillantes. Elle nous surprend par ses colères légitimes, ses débordements volcaniques et son extrême innocence, et l’on se fait humain à l’entendre. Belle et terrifiante, à la fois ogresse et enfant, elle a la puissance de ses rêves et fait s’envoler les murs du théâtre.
Abéla Popite, c’est le clown de Laurence Poueyto. Laurence est une actrice, actrice au sens acter, agir du terme. Avec elle rien ne se fige et la pensée reste en mouvement. L’enjeu de la direction d’acteur c’est faire le pari d’une écriture ouverte et lui laisser cette faculté d’écrire en direct sur le plateau à travers son clown : ne rien dupliquer et faire résonner le langage organiquement.
C’est ici que j’entre en jeu en tant que Boulgour Bulgare, cet Autre issu de l’espace imaginaire d’Abéla que Laurence m’a demandé d’incarner, pour la questionner, la faire dérailler ou la faire avancer. Ainsi, délivrée de sa solitude, tout devient possible pour Abela y compris de traverser les cadres, les frontières et les limites autorisées.
Martine Dupé
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