L’institution se présente toujours comme un système organisé de moyens. C’est bien là d’ailleurs la différence entre l’institution et la loi : celle-ci est une limitation des actions, celle-là, un modèle positif d’action. Contrairement aux théories de la loi qui mettent le positif hors du social (droits naturels) et le social dans le négatif (limitation contractuelle), la théorie de l’institution met le négatif hors du social (besoins), pour présenter la société comme essentiellement positive, inventive (moyens originaux de satisfaction). Une telle théorie nous donnera enfin des critères politiques : la tyrannie est un régime où
il y a beaucoup de lois et peu d’institutions, la démocratie, un régime où il y a beaucoup d’institutions, très peu de lois […] Nous retrouvons la conclusion suivante : l’homme n’a pas d’instincts, il fait des institutions. L’homme est un animal en train de dépouiller l’espèce.
Gilles Deleuze, Instincts et institution – Hachette (1953
En 2014, Encore heureux… recevait deux expériences alors en construction, œuvrant dans le domaine psychique, social, médical, et qui ont depuis trouvé un nom et un lieu : La Trame, en Seine Saint-Denis, réseau, espace de lien, de soin et d’accompagnement dans une zone où le secteur psychiatrique est fortement fragilisé. Mais aussi Le Château en Santé à Marseille, centre de soin communautaire à Kalyste, quartier nord de Marseille, où sur une colline riche de mille langues, mille histoires, les questions de l’accès au soin, de la précarité, sont encore très vives.
Dix ans ou presque ont passé…
Pour cette assemblée, nous souhaitons poser plusieurs questions :
– Comment ça va dans les lieux qui accueillent les précarités sociales, sanitaires, psychiques, existentielles… ?
– Quels sont aujourd’hui les questionnements et les consistances qui apparaissent autour de structures et de projets à taille humaine, qu’ils soient dispensaires, lieux de vie et d’accueil ou encore centres de santé communautaire ?
– Comment prendre appui sur des expériences plus anciennes, hôpitaux de secteur, lieux de vie, clubs thérapeutiques, maisons communes ou s’en émanciper ?
– Comment comprendre la façon dont l’État, après avoir largement fragilisé les services publics, cherche à exemplifier puis modéliser des structures souples et actives qui se sont inventées à l’image de contre-modèles ?
– Quelles modifications peut-on entrevoir dans les années à venir, quelles écoutes et alliances nouvelles sont à espérer ?
– Comment des initiatives plus précaires donnent à voir des pratiques qui adviennent aujourd’hui dans le soin ?
– À quels besoins, promesses, inscriptions présentes ou à venir, les rencontres Encore heureux… contribuent dans ces contextes ?
Pour cette rencontre, nous avons porté l’invitation à La Trame, au GEM de Saint-Denis en séjour à ce moment-là, au Château en santé de Marseille, au lieu d’accueil Tentative (Monoblet), à l’équipe du Collège Imaginaire (Sablé-sur-Sarthe) ainsi qu’aux clubs de l’hôpital d’Abbeville, de la Clinique de La Borde (Cour-Cheverny), du Centre de Jour L’Adamant (Paris), ..
Télécharger le livret JUIN 2022-Encore heureux
À ce jour, l’initiative Encore Heureux… est soutenue par la Ville du Mans, le Conseil Départemental de la Sarthe, la Direction Régionale des Affaires Culturelles des Pays de La Loire (ARS/Culture), le Conseil Régional des Pays de La Loire et La Fonderie.
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