Dans le cadre d’Itinéraire(s) d’artiste
Un couple d’une cinquantaine d’années (appelons-le Claude, appelons-la Odile – amoureux). Lui travaille pour une grande entreprise française de service public en télécommunication, en passe de privatisation et d’ouverture à la concurrence. Elle est secrétaire médicale. Banlieue résidentielle, ville moyenne. Nous sommes au début des années 2000, mais ça pourrait tout aussi bien se passer aujourd’hui.
Après l’enthousiasme de l’arrivée de nouvelles technologies numériques, un plan violent de restructuration au sein de l’entreprise conduit petit à petit Claude à l’isolement et à la mélancolie. Harcelé, humilié, ne pouvant plus tenir, il décide de mettre un terme à cette impasse, sur son lieu de travail, dans un acte flamboyant, politique, spectaculaire.
Reste Odile, seule et hébétée. Il y a faire son deuil, puis chercher à comprendre, et il y a la colère, l’appel d’une vengeance. Il y a ce procès historique qui se prépare, mais cette juridiction sera-t-elle suffisante pour étancher la soif de justice qui l’anime ? Comment alors trouver réparation ? À quoi, à qui s’attaquer ? Par quels moyens, peut-être non-légaux ?
Confrontant l’affaire et le procès France Télécom (dit des suicides) avec mon histoire personnelle (mon père, salarié de l’entreprise, ayant subi de plein fouet les méthodes de management de l’entreprise), le projet mêle écriture de fiction et expérience du réel pour poser la question du sentiment de justice et de nos solutions collectives de réparation. Comment écrire à partir de la colère ? La fiction peut-elle porter un coup aux impunités ?
Basé sur un travail d’écriture au plateau et une large récolte de témoignages, NExT (titre provisoire) est à la fois une réflexion sur ce que cette affaire historique raconte des processus de domination encore à l’œuvre aujourd’hui, mais aussi une mise en abyme du pouvoir résilient et fédérateur de l’acte de création.
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