» Pour la dernière pièce PRISES/REPRISES j’ai utilisé quelques documents de fictions sonores en écho à ma présence corporelle sur le plateau. Cette pratique peu habituelle chez moi m’a donné envie de creuser ce sillon pour en faire le point de départ d’un nouveau travail.
Je voudrais extraire des documents sonores de leurs contextes d’origine (films de fiction, films documentaires, reportages audio …) pour en éprouver les prolongements possibles dans des situations sur le plateau. Il s’agirait de dés-associer le sonore du visuel qui lui était originellement dédié, pour lui donner un nouvel habillage.
Un son extrait d’une matière filmique contient plein de sous-entendus, d’évocations, qui sont autant de pistes à interprétation. Alors il me paraît intéressant de travailler avec ces documents sonores comme on travaillerait dans les décors qu’ils évoquent. C’est un moyen de convoquer des mondes très variés et multiples : parfois évidents à nous faire percevoir une situation, parfois justes évocateurs d’une atmosphère (comme quand on reconnaît une odeur sans toutefois pouvoir nommer à quoi elle correspond).
Une deuxième étape consistera certainement à jouer avec les téléscopages de perceptions visuelles et sonores en opérant avec le montage sur la discontinuité des associations. Travailler sur la persistance imaginaire de ce que l’on a vu ou entendu en s’appuyant sur les différents genres de sources sonores (fictionnelles/documentaires, contemporaines/anciennes, universelles/particulières, signées/anonymes), à la manière de Francis Bacon partant d’une photo pour réaliser sa figure. Donc encore essayer de tordre le réel pour tenter de mieux le percevoir.
Un seul corps sera présent dans cet univers sonore. Il y aura immensité et solitude. »
Denis Mariotte
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