Texte et mise en scène Dominique Collignon Maurin
Jeu Marie Vayssière, Patrick Condé, Emmanuèle Stochl, Jean-Marie Champagne
Musique Frédéric Stochl, Seijiro Murayama, Dominique Collignon Maurin
Assistante à la mise en scène Valérie Bousquet
Administration Valérie Lefebvre
Mêler, confronter, deux grandes familles du spectacle : La sainte Famille et une célèbre famille d’artistes.
Après le sacrifice de son fils sur l’autel du star-system une dame de la petite bourgeoisie perd le som-meil, s’identifie à la Vierge éternelle et se désespère de ne pouvoir mourir. Sa progéniture tapie dans une armoire normande guette la Vieille Vierge Insomniaque qui n’en finit pas de finir.
On lève la jambe, on pousse la chansonnette, on fornique au fond des arrière-boutiques, on étale sans pudeur les saloperies de tous les mondes.
Comme pour la mère de Dieu La Vieille Vierge Insomniaque considère le sacrifice de son fils comme une image rédemptrice.
Hélas une ombre plus funeste et plus confuse, moins reluisante, interfère dans ce beau rêve Mystique. Le père est un ogre et la mère dans un glissement baroque se goinfre du corps symbolique de son fils.
Le trait de génie des pères de l’Église, serait d’avoir, au profit d’une visibilité unique et omnipotente, vidée, l’invisibilité du monde où chaque singularité s’y autorisait sa propre représentation.
LLVI pose l’hypothèse que cette économie de l’image des pères de l’église ne serait pas étrangère à la globalité consumériste et étouffante du monde contemporain bien au-delà des diversités culturelles.
Coïncidence qu’au sein de ce patriarcat la rupture des tabous devienne virale ? Coïncidence aussi que les corps/images, interface spectaculaire du monde autophage, dieux et déesses, pères et mères sommés de croître se goinfrent, s’empiffrent allègrement des objets du monde et de leurs progénitures, jusqu’à en éclater.
LVVI ambitionne d’être une écriture poétique pour un théâtre tragi-grotesque.
Les quatre figures allégoriques procèdent du théâtre de pantins ou mieux du théâtre mirlitonesque cher à Alfred Jarry. L’acteur de LVVI habite le corps de la figure comme un marionnettiste tient sa marotte. Il la pose sur l’espace scénique en accentuant par l’ambiguïté de son plein/vide, sa présence.
La voix agit la marotte, en son sein elle parle avec et dans la musique, sans prédominance de sens sur les silences, timbres et espaces.
Les musiciens seront sur la scène avec les acteurs.
La vieille insomniaque est aussi la Vierge, Antoine est aussi l’ogre, Marthe est l’ogresse et aussi la vierge, Pierre est le fils de Marthe et d’Antoine mais aussi celui de la vierge… Une confusion dont LVVI voudrait sortir le monde en s’endormant enfin…
Pour faire se télescoper farce et gravité, cabotinage et grâce, rires et larmes, l’acteur jongle avec les mots, les gestes, les directions, les ruptures de vitesse, les changements de hauteur. Il joue avec le timbre des mots, il en détourne discrètement le sens. Il est allusif pour faire entrer celui qui regarde dans l’invention du poème.
Faire que les acteurs traversés par un faisceau de paradoxes, par une multiplicité de sens, se voient comme emportés par le cours monstrueux d’un torrent de montagne. Il leur faudra parfois se boucher le nez, quand la gracieuse rivière les entraînera dans le cours fangeux de la grossièreté existentielle. C’est cette spécificité du théâtre que nous voudrions saisir. Passer des hautes sphères de la grâce aux cloaques impurs de la bêtise.
Être la foule et l’un. Jouer, assommé(e)s par le télescopage des contraires et se retrouver enfin comme dépouillé(e)s de tout, réduit(e)s à « rien ». Un rien que l’on sent autant avec le nez qu’avec la peau, et dont la conscience intime reconnait la densité. Est-ce folie de rêver, que tous, acteurs et spectateurs, les sens aux aguets, l’ouïe tendue, le regard dilaté, accueillent généreusement bruits et silences, lumières et ombres, signes et fantômes, parfums et puanteurs dans l’intime espace du cercle d’un théâtre.
Les matériaux réunis pour l’écriture de LVVI sont autobiographiques, mythologiques et historiques. La composition du poème dramatique se finalisera sur le plateau.
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