Théâtre et vidéo (1h30) (traduction : Marguerite Youcernar/ auteur : Virginia Woolf)
Conception, adaptation et réalisation, Pascale Nandillon, Frédéric Tétart
Lumière Soraya Sanhaji et Frédéric Tétart
Son Sébastien Rouiller
Image Frédéric Tétart
Conception décor François Fauvel
Costume Odile Crétault
Avec Serge Cartellier, Nouche Jouglet-Marcus, Jean-Benoit L’Héritier, Aliénor de Mezamat, Sophie Pernette, Nicolas Thevenot
« Je n’essaie pas de raconter une histoire, mais il serait peut-être possible de procéder de cette manière. Un esprit en train de penser. Ce pourrait être des ilots de lumières. Des îles au milieu du courant que j’essaye de représenter. Le vol fluide des phalènes suivrait irrésistiblement la même direction. Une lampe et une fleur en pot au centre. La fleur peut subir sans cesse une transformation. (…) Il y aurait les deux courants divergents : le vol des phalènes qui arrivent ; la fleur toute droite au centre ; un étiolement et un renouveau perpétuel de la plante. Il se pourrait qu’elle voit des choses se produire dans les feuilles. Mais qui est cette « elle » ? Je tiens beaucoup à ce qu’elle n’ait pas de nom… (…) Et je ne préciserais pas non plus le lieu ni l’époque. On peut voir n’importe quoi par la fenêtre : un navire ; un désert ; Londres. »
V. Woolf – Journal – mardi 28 mai 1929 – notes sur les vagues
Six amis sont réunis pour un repas autour de Perceval, qui part pour L’Inde et y meurt.
Son absence est une force centrifuge, magnétique : le vide central qui met le cercle de la parole en mouvement.
Mais Rhoda, Jinny, Suzanne, Neville, Louis et Bernard ne sont peut-être qu’un seul et même flux de parole diffracté au travers d’un prisme, « les fragments isolés d’une conscience collective », les six faces d’un cristal éclairé par Perceval.
Ils lancent les fibres de leurs esprits loin au-delà d’eux-mêmes, comme des antennes, et convoquent dans la chambre où ils sont réunis la totalité du réel, des espaces et des temps. Dans ces allers-retours incessants entre le dedans et le dehors, la table et l’ailleurs, la préhistoire et le présent, ils sont des poètes qui soulèvent des mondes, des créateurs.
Aspirant à se fondre dans les mouvements souterrains de la nature, ils défient avec les mots les frontières des lois matérielles et abolissent les contours de leur identité. Curieuse cérémonie, durant laquelle ils apprivoisent la brûlure du vivant, la fixité de la mort – dans une vertigineuse tentative d’affranchissement.
Ce que l’on partage ici, c’est le poème, qui fait graviter toutes les particules du monde autour de la table. C’est à cette chimie des mots sur les choses, à cette utopie, que la communauté des Vagues convoque le plateau et les spectateurs.
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