« Les Oiseaux, c’est une fantaisie philosophique sur les hommes et leurs limites ridicules, c’est aussi la première pièce comique interprétée par notre compagnie. Et ce rire est incroyablement épanouissant et libérateur. J’ai l’impression de voir des acteurs libérés, inventifs et tellement vivants que je regrette presque d’avoir tant attendu pour aborder la comédie. J’ai souvent pensé que le théâtre était un exercice d’émancipation et là, je le vois concrètement. Le chant et la danse nous permettent sans doute de nous affranchir de certaines inhibitions. Du coup, je découvre des acteurs avec un potentiel que je n’avais pas imaginé. Et puis, nous retrouvons dans cette pièce tout ce que j’aime : la poétique inépuisable de l’oiseau et de son chant, de la légèreté, de sa fragilité et de son élévation ; la philosophie de l’invention de la démocratie et de l’accord que les hommes doivent trouver entre eux, avec le monde et avec les dieux ; la subversion, avec une part de provocation dans la lignée des dadaïstes, dans l’attaque faite aux fondements de la société : la religion, les sciences, les institutions ; et, enfin, la fantaisie, avec un monde imaginaire qui permet de s’écarter de la réalité ».[/Propos de Madeleine Louarn recueillis par Jean-François Ducrocq/]
Comédie antique grecque écrite par Aristophane en 414 av. J.-C., Les Oi-seaux sont une parodie de la conception de l’origine du monde de la secte des Orphiques. Ces derniers pensaient, en effet, que le monde était né d’un œuf originel. Deux Athéniens, lassés des querelles de leur cité, cherchent un endroit tranquille pour s’établir. Ils atteignent la demeure de Térée, ancien roi d’Athènes transformé en huppe. Ils persuadent l’assemblée des oiseaux de fonder dans les airs une cité, Coucouville-les-Nuées, d’où les intrigants, sycophantes, sophistes et autres orateurs sont exclus…
En 1984, Madeleine Louarn crée Catalyse, compagnie de théâtre composée d’acteurs handicapés mentaux qui devient bientôt permanente et professionnelle, au sein du centre d’aide par le travail de Morlaix. Presque trente ans plus tard, Catalyse a monté des pièces de William Shakespeare, Samuel Beckett, Lewis Caroll, Daniil Harms, Ribemont-Dessaignes, Luzel… et développé ses propres créations en cherchant en permanence de nouveaux modes de jeu et de représentation. « Dès le début de l’atelier Catalyse, la thérapie n’était pas la question première. Il s’agissait d’expérimenter le théâtre et d’éprouver par là une expérience artistique. Nous étions animés par l’idée que chaque personne peut être saisie par une émotion esthétique pour peu qu’elle ait accès à l’art. La question du Beau peut devenir celle de tous, quels que soient les individus, leur histoire, leurs déficiences. L’idée était donc, avant tout, de participer à la création théâtrale ».
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