conception écriture jeu Isabelle Esposito
projet créé en cheminant avec Hélène Caubel
regards extérieurs Anne-Sophie Aubin & Martine Gonnetand
Au fil des siècles, les femmes furent majoritairement représentées comme des objets de désir (déesse, prêtresse, fée, sirène) ou de peur (furie, sorcière, meurtrière).
L’histoire a été écrite par les hommes et le corps des femmes rêvé/fantasmé par eux. Aujourd’hui à la télé, dans les pubs, dans les films, les femmes sont représentées le plus souvent : jeunes, actives, glamours, sexy. Leur corps est instrumentalisé pour faire vendre du cinéma comme des produits laitiers.
Dans ces représentations, l’une brille par son absence, celle d’un corps de femme drôle. Comme si la distance et l’intelligence que le rire exprime n’avait pas le droit de s’incarner dans un corps féminin. Le rire peut briser le désir. Certes, il y a Valeska Gert à Berlin (1920), Joséphine Baker à Paris (1930), Lucille Ball aux Etats-Unis (1950) et plus près de nous, Emma la Clown. Mais ces femmes, talentueuses, excentriques, se meuvent de manière naturaliste. Elles bougent normalement. Elles n’ont pas un corps sculpté, écrit, qui rit et fait rire. Elles n’ont pas créé un personnage avec un corps burlesque.
On connaît le corps burlesque à travers le cinéma muet. Il est principalement masculin. Keaton, Langdon, Chaplin, Laurel et Hardy en sont les seigneurs. La sombre sautillante est une tentative pour inventer un corps féminin burlesque. Un corps oisif et désaxé qui réfléchit l’angoisse de notre société bouchée, sans débouché.
Comme une tarte à la crème, ce personnage se prend dans la figure les dictats (être star, heureux, jeune, riche, actif, mince…) imposés par notre société. C’est sa capacité à détourner ces dictats qui feront tout le sel du spectacle.
A travers ce personnage, je prend le masque du bouffon et donne un corps à la figure du saltimbanque. D’autant plus saltimbanque, que ce personnage clocharde, s’installe avec son paquetage sur la scène d’un théâtre. Cette situation « comique » de squattage d’un théâtre par un personnage donne lieu, tout au long de la représentation à une mise en question du spectacle dans notre monde du tout spectaculaire.
Isabelle Esposito
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