« La performance est issue de la pièce radiophonique ‘Jerusalem Syndrôme’
(durée : 1H07) que nous avons crée en 2008 et 2009, produite par les Ateliers de la Création Radiophonique de France Culture et diffusée sur les ondes de cette radio le 24 mai 2009 à 22h.
Cette pièce radiophonique est composée de sons bruts enregistrés en 2008 à Jérusalem lors des célébrations du soixantenaire de la création de l’Etat d’Israël et du quarantenaire de la “réunification” de la ville de Jérusalem. Ces matières sonores sont accompagnées d’une voix narrative (Ruth Rosenthal) nous guidant et nous donnant quelques clés de compréhension (traduction, commentaires) et de deux voix additionnelles lisant une sélection subjective des résolutions de l’Onu concernant la question israélo-palestinienne de 1948 à janvier 2009.
– Nous avons alors proposé aux auditeurs le portrait d’une ville submergée par la religion, par les mythes nationaux et historiques, par les symboles sonores donc physiques du rejet de l’autre (discours, sirènes, foi hurlée, chants patriotiques, etc). Une moitié de la ville subit l’occupation depuis 1967, l’autre moitié célèbre la réunification. L’avenir paraît très sombre. La douleur est célébrée de toute part, le rite et la violence sont omni présents, la propagande est terrifiante : c’est le Syndrome de Jérusalem.
– Par la lecture froide , systématique et ‘bureaucratique’ des résolutions de l’Onu, nous avons voulu montrer, que les individus quels qu’ils soient n’étaient pas responsables d’une situation catastrophique qu’ils subissent depuis parfois plus de 60 ans et dont ils sont d’abord les victimes mais qu’en revanche l’Etat d’Israël, en tant qu’institution étatique justement, reconnue par les Nations Unies, portait une responsabilité face aux évènement qui secouent cette région du monde.
Nous voulons approfondir ce travail en créant une performance, une pièce de théâtre documentaire.
Nous allons alors bien sûr recommencer le travail de sélection et de montage des sons enregistrés par nos soins à Jérusalem.
Mais nous allons aussi utiliser l’image afin d’approfondir et de préciser notre point de vue. Il nous paraît en effet important de montrer au public quel type d’images sont matraquées aux palestiniens et aux israéliens en permanence dans les medias (télévision, internet, affiches) depuis 1948.
Nous décrirons la manipulation des masses qui a cours dans cette région, montrerons l’utilisation permanente et cynique des codes politiques, religieux, historiques qui emprisonnent inéluctablement les individus dans un carcan mental et physique infernal, pris alors en otage au quotidien de décisions qui les dépassent largement.
Nous allons alors tordre ces codes propagandistes, les manipuler, les amplifier, les saturer afin de créer un long poème violent, illuminé qui n’a d’autre but apparent que de glorifier la violence et la haine, de perpétuer jusqu’à l’absurde le travail accompli depuis 60 ans par les dirigeants de cette région sous le regard indifférent ou complice des autres dirigeants de notre monde.
Ruth Rosenthal sera seule sur scène, debout, derrière un pupitre, du même type que celui prisé par les ‘politiciens-communicants’.
Il s’agira alors d’une lecture-performance (traductions, poèmes, digressions, commentaires, discours) accompagnée de sons (sons de Jérusalem, résolutions de l’Onu), d’images (vidéos, cartes, plans, archives, diapositives, photographies), de lumières, et de très peu de musique. Tous ces éléments seront joués, pilotés, déclanchés et stoppés par Ruth, sur scène, pendant la performance, dont la manipulation sera une partie intégrante de la mise en scène.
Ruth Rosenthal sera entourée de différents outils : magnétophone, vidéo projecteur, ordinateur, rétroprojecteur, projecteur de diapositives, platine cd, pupitre lumières, cymbales et harmonium afin de nous entraîner dans cette pièce propagandiste délirante et désespérée.
Tout l’enjeu sera alors pour nous de tenter de construire un collage sonore, textuel et visuel subjectif sous la forme d’une performance sobre, cohérente et finalement si possible instructive.
Ruth Rosenthal, maîtresse de cérémonie incarnera le manipulateur des masses pour mieux figurer en résonance les individus pris au piège.
Nous avons bien conscience de la difficulté de manipuler ces codes sur un sujet si délicat et sensible. Il nous faudra bien sûr éviter de nous laisser enfermer malgré nous dans une sorte de parti pris simpliste qui serait très mal venu et absolument contraire à la recherche musicale et textuelle que nous entreprenons depuis plusieurs années au sein de Winter Family.
Notre seul but est de décrire la situation absurde et terrible que subissent les gens en Israël et en Palestine du fait de leurs dirigeants et des dirigeants de ce monde, en mettant l’Etat d’Israël, membre de l’Onu, face aux responsabilités qui sont automatiquement les siennes en tant que structure étatique.
Winter Family
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