mise en scène Pascale Nandillon
en collaboration avec Céline Finidori
scénographie Frédéric Tétart réalisation James Bouquard des Ateliers de Vidy-Lausanne création lumière & sonore Frédéric Tétart en collaboration avec Cyril Desclés costumes Odile Crétault régie générale Cyril Desclés
avec Elie Baissat, Séverine Batier, Ghislain De Fonclare, Myriam Louazani, Sophie Pernette
« Je suis assis dans un trou appelé abri ! fameux ! Une bougie, un fourneau, un siège, une table. Tout cela conforme aux temps nouveaux. La culture du XXème siècle. Et au-dessus, ça crépite sans interruption ! Clac ! Clac ! Sct zoumm ! C’est l’éthique du XXème siècle. Et à côté de moi quelques lombrics sortent de la paroi en se tortillant. C’est l’esthétique du XXème siècle . »
August Stramm. , Lettre à Nell et Herwath Walden. Chaulnes, le 5 mars 1915
August Stramm (1874-1915), dramaturge et poète allemand, commence à écrire dès le tournant du siècle. Inspecteur des postes à Berlin, il ébauche son œuvre théâtrale en 1909. Il écrit « Rudimentaire », « Eveil » et travaille à « Forces » lorsqu’il est enrôlé en août 1914. Il participe à la guerre des tranchées en septembre 1915, continue d’écrire à la lumière d’une bougie. Il mourra dans les marécages de Rokitno.
La langue éclatée, balbutiante et incandescente porte en elle les impacts sonores et lumineux du champ de bataille. Elle ressaisit le réel au plus près de sa combustion.
Forces
La pièce Forces est un drame bourgeois qui se délite, un lambesu de vaudeville à quatre voix. Les failles intérieures de LUl, ELLE, L‘AMI et L’AMlE s’aiguisent jusqu’au paroxysme du meurtre, du suicide. Cette mascarade en huis-clos ne peut plus contenir le drame de l’être et les forces souterraines qui l’agissent. Le hors champ nenace et hante l’aire de jeu. C’est toujours au dehors qu’a lieu l’acte : l’adultère, le meurtre. Les personnages sont régulièrement happés par les forces obscures du parc. Au-delà du parc qui entoure la maison gronde la guerre, le peuple et les révolutions à venir.
Eveil
Le premier mouvement d’Éveil démarre dans une torpeur trouble entre rêve et éveil, entre folie et conscience. La brèche dans le mur déchire la membrane du rêve et libère ce qui est contenu en ELLE. Comme une digue qui cède, toute la violence du monde se déverse dans un précipité vertigineux. Un miroir se brise, le monde se fragmente. Éveil nous plonge dans les mouvements de contagion hystériques d’une masse encline à l’émeute, à la révolution, au chaos, à s’inventer un homme providentiel…
L’Humanité
Le poème L’Humanité renaît des cendres de Forces et d’Éveil et des ruines du théâtre. Ce poème visionnaire, écrit juste avant la guerre, retourne au flux premier de la langue, nous ramène en deçà de la conscience, avant la forme. Finir sur L’Humanité, en dépit de la chronologie des textes, c’est mettre l’accent sur ce qui réchappe d’une œuvre travaillée par le chaos : l’humanité bien sûr, mais surtout ce qui la fait telle -un langage, désordonné ou réordonné mais qui, dans les mots désarticulés, identifie l’art à une farce de résistance …
Stramm ressaisit le réel au plus près de sa combustion. Le désir de « vouloir tout dire, tout » dans un temps très fragmenté, de faire passer l’expérience physique dans le mot, de faire advenir le corps dans les mots sont au coeur de cette langue où signification, sons et rythmes ne font qu’un.
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