Pour cette première résidence, nous lirons le livre de Maxime Rovère Le clan Spinoza. Dans ce roman, l’auteur met l’Éthique au centre du cercle d’amis qui en a, pour ainsi dire, entouré la venue : des philosophes, anatomistes, physiciens, marchands qui ont lu, discuté et, parfois, réécrit, le grand poème de Spinoza. Ce faisant, il raconte un bonheur profond et rare – l’accomplissement d’une pensée qui, n’appartenant à personne, n’en est pas moins partagée par plusieurs. Il faut sauter à pieds joints dans cette invraisemblable fiction : celle d’un communisme de pensée – qui est aussi, nécessairement, une amicale des corps.
Voilà l’éthique : aller son chemin tout en faisant ce qu’on peut ou, mieux, en vivant comme on peut. La proposition de l’Éthique : vivre au plus près de ce que l’on peut, agir sans être coupé de sa puissance. Cela n’est pas donné. Cela se cherche, et se cherche d’abord, semble-t-il, comme en rêve. Ainsi Holderlin : « La vie de l’esprit entre amis, la pensée qui se forme dans l’échange de parole, par écrit ou de vive voix, sont nécessaires à ceux qui cherchent. Hors cela, nous sommes nous-mêmes sans pensée. » Pendant quelques jours, nous étudierons à La Fonderie le temps et le lieu de ce rêve : Amsterdam, 1677 – là où se croisent (et se frottent) l’histoire de la peste, des expéditions coloniales, des persécutions religieuses, de l’invention du capitalisme et de la science expérimentale.
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