Le Dust Bowl est une série de tempêtes de poussière provoquant une catastrophe écologique et agricole dans les années 1930, en particulier dans une région à cheval sur I’Oklahoma, le Kansas et le Texas. En m’intéressant à cette période catastrophique, j’y ai trouvé des similitudes avec mon histoire personnelle entre l’aridité de mon village d’enfance et la sécheresse des grands espaces américains.
J’ai toujours voulu raconter mon nom de famille, il symbolise pour moi un lien avec la famille, les ancêtres, les racines et la terre d’origine. Je ne suis pas né en Algérie, mais j’y ai vécu assez jeune pour ressentir des sensations primaires. La pierre, la rocaille, la sécheresse d’une terre aride, le vert n’étant pas présent, mes souvenirs sont gris et ocres. Je veux raconter des mémoires sensorielles.
J’ai envie de parler de ces moments indécis, un temps donné, on hésite, on a peur de prendre une direction, qui nous amène à une autre, jusqu’au jour où l’on se lance dans le vide, le sol ne se dérobe pas sous nos pieds, il peut y avoir parfois un moment de flottement, on effleure le vide. La fuite de mon envie et d’acceptation de mes racines, la peur de l’acceptation d’être comme tout le monde.
J’ai jeté des pierres sur des chiens errants, joué avec des boîtes de conserve vides avec des pierres à l’intérieur, une espèce de Yams du bled, des dés rugueux irréguliers, jeté des pierres dans le vide, je suis tombé à genoux et roulé dessus, je m’y suis assis. Sans même connaître la signification de mon nom, j’étais une pierre posée parmi tant d’autres.
Je cherche ma place sur différents terrains. Je suis encore en train de croire qu’il faut choisir au lieu de simplement être. Le déni de mes origines, de mon passé, m’ont poussé vers des racines qui n’étaient pas les miennes, une culture qui a fait qui je suis maintenant, mais qui vient d’un autre continent. Pourquoi cet intérêt pour une culture créée par une population afro-américaine, latino-américaine et caribéenne ? Je veux parler de solitude dans des espaces qui nous sont inconnus, de grandes étendues sèches et arides. La lourdeur d’un changement de paysage, de l’urbain Occidental au rural du Maghreb, du béton à la caillasse, du minéral à l’organique.
La vidéo sera possiblement un médium utilisé au plateau, mais ce qui est sûr, c’est que la façon de construire la narration, les plans, le rythme, l’intention auront une influence dans la modalité d’écriture.