d’après Franz Schubert
Il y a entre le monde et moi une dissonance.
Sénancour, Oberwald
avec
Laure Balteaux violoncelle
Samuel Boré piano
Stéphane Charlot saxophones
Jean-Christophe Garnier percussions
Eric Le Chartier trombone, sacqueboute
Anne Magouët voix
Olivier Mingam violon
Martin Moulin direction et composition
Nicolas Nageotte clarinettes
Poline Renou voix
Que veut dire revenir à la Belle meunière, musique que l’on connaît déjà par cœur, maintes fois écoutée ? C’est une des questions que nous nous sommes posées avec la troupe de musiciens du projet. À partir de propositions plus ou moins précisées que je pouvais apporter, nous avons tenté de mêler, le plus spontanément possible, nos envies – en se souvenant de la joie collective qui pouvait être celle de Schubert et de ses amis lors de ces soirées musicales (schubertiades) pendant lesquelles s’inventaient de petites formes poético-musicales.
La duplicité, le caractère ambigu est une des marques magnifiques de Schubert – jamais nous ne saurons si La Belle meunière finit bien, ou non. Et c’est dans cette ambiguïté fondamentale que nous aimerions livrer cette extension, ces passages empreints de Schubert. Car chez lui une joie rustaude, un enthousiasme digne des tavernes de Grinzing peut laisser place à la béance la plus amère – jamais on ne tient quelque chose. C’est le règne de l’oxymore : Schubert sait faire rayonner la tristesse et blêmir la joie.
Avec tous les moyens qui étaient les nôtres – modes de jeux instrumentaux, acquis de langages contemporains, extensions de pratique pour chacun des musiciens : tous chantant, parlant, jouant diverses jazzo-flûtes, harmonicas, en plus de leur instrument de prédilection – nous nous sommes mis à la recherche d’une extension de ces contrastes déjà accusés dans l’original. Et nous avons voulu tout essayer : superpositions dignes des Europeras de John Cage (densité maximale) ou au contraire effacement jusqu’au fil le plus ténu. Orchestrations très travaillées, jouant des timbres, des alliages ; ou à l’inverse brutalité extravertie venant renforcer la fougue populaire que contient aussi Schubert – qui n’a rien oublié de son temps, rien rejeté de son époque.
Une première version de la Belle meunière (musique de scène) a été réalisée en coproduction avec les Quinconces-l’ESPAL.
Ce site utilise des cookies techniques sur la langue utilisée, la protection anti-spam et l'affichage de ce bandeau.