La compagnie belge des Karyatides nous avait « emballés » avec ses marionnettes en papier alu dans Le Destin, la saison dernière. Elle nous revient avec Carmen, une figure féminine de premier plan. Don José est brigadier à Séville. Dans cette ville, où il est étranger, tous parlent de la belle gitane, la Carmencita. Un jour qu’il est de faction près de l’usine à cigares, il la voit pour la première fois… Carmen, c’est l’histoire d’amour entre ce soldat et cette bohémienne, l’histoire d’une passion mythique, d’un amour qui embrase tout. Karine Birgé, la manipulatrice et comédienne toute de noir vêtue, avec sa mantille, nous plonge tout de go dans un compte à rebours fatal : Don José danse dans le vide. Dans l’air chaud et suave de Séville, nous suivons les méandres de la passion destructrice. Sur la table-plateau ensablée, les petites poupées, les objets miniatures, les ombres chinoises défilent sur de la grande musique, et de superbes voix, dont celle de La Callas. « Carmen en théâtre d’objets, c’est adopter humour et distance, sans annuler la dimension tragique ». À la fois femme damnée et être libre, Carmen est un mythe merveilleusement réinventé par cette compagnie. À la sortie du spectacle, la dernière strophe nous poursuivra longtemps : si je t’aime, prends garde à toi !