Création / écriture
« Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve », F. Hölderlin
M’ouvrant à l’écriture, je découvre progressivement la violence foudroyante qu’elle peut provoquer, tout comme la plus tendre douceur, dans l’entrechoquement des mots qui disent au-delà de nos pensées ou de nos tabous. Passionnée par la technique de l’audiodescritption (conçue au départ pour les publics mal ou non-voyants) et de la manière dont elle complète parfaitement les œuvres, je pratique l’exercice de la description de séquences de films ou de spectacles pour la radio (www.radionunc.org). C’est pour cette émission que j’ai décidé en janvier 2021 de décrire la séquence de Nelken de Pina Bausch, et quelle fut ma surprise. Toute guidée par les mots et la tâche (parfois fastidieuse) de décrire au plus près ce que l’on voit, je fus la première spectatrice des ‘images’ que l’écriture a fait surgir.
Battaglia (dessous, les oeillets) naît de cet entrechoquement de mots qui provoquent de la violence, de l’innocence, de la surprise, de la joie parfois. Il naît du désir de représenter scéniquement cette puisance de l’écart entre la violence des descriptions et la douceur de la scène originale. Il naît également de l’écart et de l’écho, entre ces premières descriptions prosaïques et certains textes fondateurs pour moi tels que Penthésilée de Kleist, Les Bacchantes d’Euripide, Richard III ou Macbteh de Shakespeare. Toutes ces oeuvres témoignent, grâce à la puissance évocatrice des mots de la littérature et de la poésie, d’une folie dévastatrice racontée par l’individu-même sujet de cette violence. Les mots sont-ils violents, ou bien n’est-ce pas plutôt notre lecture et notre puissante imagination qui l’est ? Battaglia (dessous, les oeillets) se compose d’un assemblage de mots dits et diffusés, issus de ces différentes écritures.
Marie Lelardoux
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