Jean Oury, psychiatre et psychanalyste, est né en mars 1924. Interne a l’hôpital de Saint-Alban en septembre 1947, il arrive en 1949 dans le Loir et Cher et fonde la clinique de La Borde en 1953. Il est rapidement rejoint par Félix Guattari. Ensemble ils vont, dans le sillage de François Tosquelles, tenir le cap de l’affirmation de la différence et de la singularité.
« Donc, il y a ce tas de gens. L’institution, quand ça existe, c’est un travail, une stratégie pour éviter que le tas de gens fermente, comme un pot de confiture dont le couvercle a été mal fermé. La mise en place d’un club, c’est un opérateur pour éviter que ça fermente, sans se contenter de résoudre le problème par le cloisonnement et l’homogénéité. Or le problème est comparable quel que soit le tas de gens ; une école, une prison, une usine, un bureau. C’est pour ça que ce qu’on a appelé la psychothérapie institutionnelle – j’ai du mal à prononcer ce mot – est une instance critique de la société dans sa globalité. Eviter la dégradation d’un tas de gens par non-vigilance, ça demande du sérieux. Le sérieux, disait Kierkegaard, ça ne peut pas se définir. Le sérieux, c’est le sérieux (…). Ce genre de travail est une façon de singulariser les gens qui sont là, de transformer, comme disait Gabriel Tarde, la foule en public, d’avoir affaire à l’hétérogène sans essayer de l’écraser. Ça, c’est l’exercice de la loi. Ça ne peut venir de l’établissement, qui ne peut produire que des règles. C’est un travail énorme parce que la loi, comme disait Lacan, c’est le désir. C’est ce qui structure l’ambiance, ce qui autorise une attention commune, une sympathie, une « attitude collective ». La mise en place concrète se fait par une structure de partage. « Partage est notre maître », comme disait Pindare. Si seulement… ». [/Jean Oury/]
Christophe Boulanger est, avec Savine Faupin, responsable de la conservation de la collection d’art brut au LaM – Lille Métropole Musée. Il travaille actuellement à une monographie sur la vie et l’œuvre d’Aimable Jayet qui fut interné à l’hôpital de Saint-Alban-sur-Limagnole en Lozère.
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